One kiss and you'll know everything I didn't tell you (Oliver)

One kiss and you'll know everything I didn't tell you

La dernière fois qu'il avait vu Oliver, c'était pour lui venir en aide face à un démon d'une puissance colossale même si au final, c'est surtout lui qui l'avait aidé dans cette histoire en l'empêchant de mourir à de multiples reprises au cours de leur combat. Il aurait aimé que pour une fois, ils puissent se voir sans avoir à combattre une quelconque menace et ce soir serait peut-être le moment. Comme Oliver le lui avait demandé la dernière fois qu'il s'était réveillé à moitié nu dans son lit, Dorian avait lancé un sortilège improvisé de protection autour de sa maison et à en juger par l'absence d'attaque depuis ce moment, il n'avait pas dû foirer son coup pour une fois. Le brun lui avait assuré qu'il repasserait avec des cristaux de protection mais ne l'avait pas encore fais, sans doutes que ce baiser que l'incube avait échangé avec Aeden avait fais plus de mal que ce qu'il croyait et qu'Oliver n'avait plus envie de l'avoir comme protégé. Le blond avait toujours ses vêtements chez lui, vêtements qu'il ne s'était jamais donné la peine de récupérer, préférant s'éclipser au petit matin une fois réveillé. D'habitude, c'était plutôt le genre de Dorian de faire ce genre de chose mais il faut croire que la roue avait tourné.

Il n'avait pas encore vraiment réfléchit à ce qu'il allait lui dire si ce dernier répondait à l'appel, ni même s'il le ferait mais il tenait vraiment à le remercier pour l'aide qu'il lui avait apporté l'autre soir face à Balhannoth. Dorian avait beaucoup pensé à cette soirée depuis plusieurs jours, à toutes les émotions qu'il avait pu ressentir ce fameux soir, comme sa peur de le perdre mais aussi et surtout, au sentiment qui lui avait vrillé l'estomac lorsqu'il avait cru mourir et ne plus jamais le revoir. Un sentiment qu'il avait voulu ignorer juste après, l'enterrant au mieux sans succès. Il pouvait faire l'autruche autant qu'il le voulait, ce sentiment était bien présent en lui et ne s'en irait pas de sitôt. Il tenait à lui, c'était une chose dont il était sûr. Ce dont il était moins sûr, c'était de la nature exacte de ses sentiments pour son être de lumière... S'agissait-il d'un simple attachement envers une personne qui lui avait sauvé la mise à plusieurs reprises ou de quelque chose de plus profond ? Le jeune était un incube, une créature vouée à enchaîner les conquêtes d'un soir, coucher, se nourrir, changer de partenaire et recommencer. Il avait toujours cru ne pas pouvoir s'attacher à quelqu'un d'autre de cette manière, sa nature le lui interdisant mais peut-être s'était-il trompé toutes ses années ? Peut-être que finalement, malgré son hybridation, il pouvait ressentir ces choses qu'il s'était toujours interdite.

Il s'éclaircit un peu la voix, se raclant la gorge en déboutonnant l'un des boutons de sa chemise blanche qu'il avait mise spécialement pour l'occasion, pour être beau à ses yeux même si ses charmes d'incubes pourraient faire tout le travail à sa place s'il le souhaitait. Il s'était d'ailleurs concentré pour réduire le taux de phéromones à son minimum. « Oliver ? » prononça-t-il en regardant en direction du plafond, comme si l'être de lumière était au ciel. Il s'y trouvait peut-être. Il n'avait jamais fais ça et ne savait même pas s'il lui suffisait de simplement prononcer son nom ou s'il devait y mettre un peu plus d'intention ou penser très fort à lui en même temps. Il laissa passer quelques secondes et recommença, augmentant un peu le volume de sa voix sans pour autant crier. Il avait l'air d'un fou, tout seul au beau milieu de sa cuisine à appeler quelqu'un qui n'était pas là.

Depuis le dernier combat qui avait éclaté chez lui et dans lequel un démon avait traversé l'un des murs, le trou était toujours présent et Dorian en avait d'ailleurs fais un bar ouvert sur le salon, engageant des artisans pour mener à bien les travaux. Engager était un bien grand mot, il les avait surtout contraint comme il savait si bien le faire. Il aurait voulu préparer tout un truc sophistiqué pour l'être de lumière et le remercier comme il se doit mais ce n'était pas son genre et la cuisine, encore moins. Là encore, il aurait pu contraindre un cuisinier pour qu'il leur prépare un truc de fou mais il voulait que ce geste vienne de lui et seulement de lui, c'est pourquoi ce soir, tout ce qu'il lui proposerait, ce serait un verre et une discussion. Pour l'occasion, il avait préparé des Love and Murder, un cocktail qu'il trouvait plus qu’approprié à base de Campari, de chartreuse et de citron. Ne connaissant pas les goûts de l'homme à ce niveau là, il avait dû improviser et espérait que l'alcool puisse les détendre tout les deux. Dorian en avait déjà descendu quelques uns pour se donner le courage de l'appeler, lui qui n'était pas du genre à dévoiler ses sentiments à quiconque. Sa boule au ventre se resserra lorsqu'il aperçut les orbes lumineuses apparaître dans la pièce et adressa un large sourire à l'être de lumière.

One kiss and you'll know everything I didn't tell you

Le regard d’Oliver était perdu sur les vagues qu’il pouvait apercevoir depuis la fenêtre ouverte de son loft. Penché par-dessus le comptoir de sa cuisine et incapable de se concentrer, le sorcier recommençait pour la troisième fois une potion censée l’aider à détruire un démon particulièrement coriace. Il arriverait rapidement à court d’ingrédients s’il ne s’appliquait pas un peu plus. Il pensa alors à la cuisine du Manoir Halliwell, remplie des ingrédient dont il avait besoin. S’y rendre pour préparer la concoction ne lui avait même pas traversé l’esprit jusqu’ici. Il aurait aimé avoir la même facilité que Priam à s'approprier les lieux et poser une fois pour toutes ses valises dans l’édifice mythique de Prescott Street, mais Oliver ne s’y sentait toujours pas à sa place. Les portraits de la lignée Warren lui rappelaient sans cesse leur sacrifice – celui qui était également attendu du nouveau trio, si la survie du plus grand nombre l’exigeait.

Oliver n’avait jamais vraiment craint la mort. Pas même lorsqu’il était encore un agent de la CIA déployé en territoire hostile. Même lors des missions les plus risquées, une part de lui s’était toujours raccrochée au fait qu'il détenait les cartes de sa propre survie. Cette fois, l’heureuse incertitude n’était plus possible : le Pouvoir des Trois n’était pas qu’une source incroyable de magie ; c’était aussi la promesse d’un destin funeste. Il n’était d’ailleurs jamais passé aussi près de la mort que la semaine précédente, face à Balhannoth. Avec Dorian.

La potion prit une teinte rougeâtre, signe qu’elle était fichue. Le regard dans le vide, Oliver continua à mélanger machinalement. Ces jours-ci, toutes ses pensées le ramenaient à Dorian. Dorian, qui avait failli mourir dans ses bras en cette nuit fatidique contre la créature cauchemardesque. Dorian, qui avait choisi d’en embrasser un autre que lui, malgré son offre. Dorian, et ses lèvres douces qui s’étaient imprimées jusque dans sa psyché. Dorian, à qui il n’avait plus donné le moindre signe de vie depuis plusieurs jours alors qu’il était censé veiller sur lui.

Dorian, qui prononça soudain son nom. Oliver se raidit, ramené à la réalité par cet appel de son protégé. Il éclipsa la potion ruinée dans l’évier d’un revers du poignet mais resta parfaitement immobile, comme bloqué dans l'instant présent. Peut-être que s’il ne bougeait pas, Dorian l’oublierait. Peut-être qu’il n’aurait pas à le voir et à confronter la confusion qu’il ressentait à son égard et qui lui tordait les tripes. Le carillon d’un deuxième appel résonna à nouveau dans son esprit, plus fort cette fois. Merde, c’était sûrement une urgence. Dorian était en danger. Il sentit son cœur manquer un battement et ses paumes de main se charger de lumière. Il s’éclipsa avant même d’en avoir conscience.

Le corps d’Oliver se réassembla à côté de son protégé dans un torrent d’étincelles bleutés. Les réflexes ancrés par des années d’entrainement avaient pris le dessus – poings levés aveuglants de lumière, il était prêt à faire feu. « Pointe-moi dans la bonne direction ! » Ses yeux parcoururent la pièce rapidement à la recherche de sa cible. Rien. Il était dans le salon de Dorian, dans lequel il régnait un calme olympien. Ses faisceaux vacillèrent avant de s’éteindre totalement, et Oliver baissa doucement les mains. « Ok, y’a… zéro démon. » Son cerveau toujours surchargé par son pic d’adrénaline, il se tourna vers Dorian et posa son regard sur lui pour la première fois depuis cette nuit fatidique. Il détailla un instant son visage parfait en s’efforçant d’ignorer l’uppercut qu’il ressentait dans l’estomac. « Et t’es pas blessé. Merde, tu m’as foutu la trouille. »

Oliver fronça les sourcils et se frotta le coin des yeux. Dorian avait dû le prendre pour un fou, à débarquer comme ça. Il profita d’avoir les yeux fermés pour ne pas avoir à soutenir son regard. « Désolé. J’suis à cran. Beaucoup de boulot ces derniers jours. Écoute, je… » Il rouvrit les yeux et se redressa pour retrouver contenance. Il remarqua alors les deux verres posés sur le bar à côté de son protégé, dont l’un presque vide. Dorian avait apparemment de la compagnie. Son cerveau fourmillait de pensées irrationnelles. Est-ce qu’il venait de nourrir sa partie incube et avait maintenant besoin d'Oliver pour guérir l’autre participant ? C’était sordide. Mais pas autant que ses pensées quand il croisa à nouveau le regard de l’incube.

Qui as-tu embrassé aujourd’hui ?
Est-ce que c’était ici ?
Est-ce qu’il t’a plaqué contre ce bar ?
Est-ce qu’il a pressé sa main contre ton cou ?
Est-ce que tu as aimé ça ?

Ses yeux bleus intenses cherchaient des réponses sur les lèvres de Dorian à défaut de pouvoir s’y engouffrer. Pourquoi l’avait-il appelé, au juste ? « Tu as besoin de quelque chose ? » dit-il enfin d’une voix rauque pour briser le silence.

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Lorsque l'être de lumière apparut à la suite de son appel, sur le qui-vive et prêt à faire feu Dorian haussa un sourcil en reculant d'un pas. La surprise fit émaner une brève lueur d'énergie entre ses doigts comme s'il s'attendait à être attaqué. « Aucun démon en dehors de moi, on se détend. » Il ne se considérait même pas comme un démon d'ailleurs alors il ignorait pourquoi il avait dis ça. Il était bien trop bon pour se ranger dans la même case que ces rejetons de l'enfer. L'énergie se dissipa lorsqu'Oliver se détendit -enfin, façon de parler puisqu'il semblait quand même assez tendu malgré tout.

Quelque chose avait définitivement changé : son comportement, sa manière de lui parler n'était clairement pas les même qu'avant. « Non, rien de spécial rassures-toi. Je voulais juste te voir, désolé de t'avoir dérangé pour si peu. » lui répondit-il, se rendant compte qu'il s'y était peut-être mal pris. Appeler son être de lumière ne se faisait qu'en cas de danger ? Il n'en savait rien mais au vu de sa réaction quand il était arrivé, c'était sûrement le cas. Les anges et les sorciers n'avaient-ils pas le droit de sympathiser et se voir pour autre chose qu'un soin d'urgence ou une attaque de démons ?

« Pour boire un verre et qu'on parle de l'autre soir ... » ajouta-t-il en prenant une gorgée de sa boisson. Il n'avait pas besoin d'en dire plus, Oliver saurait exactement de quoi il était entrain de parler. « Tiens, je t'ai préparé ça. » Il prit le second récipient dans les mains et le tendit vers le brun avec un sourire. « D'abord, je voulais te remercier d'avoir assuré mes arrières comme tu l'as fais. Sans toi je serais plus là et j'en ai bien conscience alors merci, vraiment. » Dorian n'avait eu personne sur qui compter depuis très longtemps et il avait oublié le bien que ça faisait de savoir que quelqu'un couvrait ses arrières comme Oliver l'avait fais. Le jeune s'était peut-être même un peu trop reposé sur lui puisque pendant le combat, il n'avait même pas cherché à être défensif de quelque manière que ce soit, se disant que son être de lumière le serait à sa place. Il ne s'était pas planté mais à l'avenir, il ne pourrait pas entièrement se reposer sur la protection du brun. Il ne voulait pas être ce genre de personne qui se met dans la merde constamment en espérant que quelqu'un d'autre soit là pour l'empêcher de mourir.

« Mais surtout, t'es bizarre depuis notre combat contre Balhannoth et je suis presque sûr que tu cherches à m'éviter depuis. » Y aller par quatre chemins n'était pas dans ses habitudes alors il décida de mettre les pieds dans le plat directement histoire de clarifier la situation entre eux. « C'est à cause du baiser avec Aeden, n'est-ce pas ? » Il était plutôt bon pour déchiffrer ce genre de chose. Ce n'est pas la première fois que ça arrivait, tout ceux qu'il avait embrassé avait éprouvé ce genre de jalousie en le voyant embrasser quelqu'un d'autre et il ne savait jamais si c'était dû à de quelconques sentiments à son égard ou simplement à ses phéromones d'incube qui mettaient les sens de tout le monde sans dessus-dessous. Une croix qu'il devait porter chaque jour. Il espérait pourtant, en secret, qu'il ne s'agisse pas d'une simple manifestation de ses pouvoirs et qu'Oliver ressente vraiment quelque chose pour lui comme c'était le cas pour l'hybride.

« Ce baiser avec lui, tu sais que ça ne voulait rien dire ? » Dorian ne l'avait même pas cherché, il n'avait rien demandé mais c'est clairement depuis ce moment précis que l'être de lumière agissait bizarrement envers lui. « T'as dû le remarquer mais j'ai pas eu mon mot à dire. » sinon c'est toi que j'aurai embrassé. Cela sonnait comme des excuses qu'il essayait de se trouver mais c'était pourtant bel et bien la vérité.

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Oliver savait qu’il aurait dû corriger Dorian – non, un protégé n’était pas censé appeler son Être de Lumière pour un rien. Jamais il n’aurait laissé passer ce genre de comportements avec les autres sorciers dont il avait la charge. Avec chacun d’eux, Oliver avait instauré une relation efficace basée sur le respect mutuel et une distance froide. Ils n’étaient pas amis, des relations de travail tout au plus. Et ça convenait très bien à l’hybride : entre ses missions pour les Fondateurs et son accès récent au Pouvoir des Trois, il n’avait absolument pas le temps de materner ses protégés.

Et puis il y avait Dorian. Dorian qui l’avait appelé pour… parler. De choses qu’Oliver, en bon handicapé émotionnel qu’il était, aurait préféré enfouir sous des couches épaisses de déni. Il prit le verre rempli d’un liquide rougeâtre et se racla la gorge pour dissiper son trouble. Oliver détestait le soulagement instantané qu’il avait ressenti en comprenant que le cocktail était pour lui et pas pour un autre homme avachi dans le lit de Dorian à l’étage.

Il savait qu’il jouait avec le feu – les êtres de lumière avaient interdiction de fraterniser avec les sorciers dont ils avaient la charge. Au fond, l’ancien agent de la CIA pouvait comprendre cette règle : dans le feu de l’action, tous devaient pouvoir garder la tête froide, là où les sentiments brouillaient leur jugement. Oliver était la preuve vivante de ce qui se passait quand une sorcière et son Être de Lumière enfreignaient les règles, et c’est lui qui en avait fait les frais : il n’avait jamais connu son père. Bien sûr, les mentalités avaient beaucoup évolué depuis, notamment grâce à la naissance des fils de Piper Halliwell. Mais pas au point de fraterniser avec ses propres protégés – ça n’était tout simplement pas professionnel. Oliver n’avait jamais enfreint les règles de ses supérieurs, pourquoi commencer aujourd’hui ?

Non, il devait tuer ses sentiments dans l’œuf. Empêcher la graine de germer. Ensevelir la flamme sous des couches de glace jusqu’à l’éteindre pour de bon. Ce qui commençait par instaurer la même distance avec Dorian qu’avec n’importe lequel des sorciers dont il avait la charge. « C’est mon travail, tu sais ? Je n’ai fait qu’obéir à mon devoir d’Être de Lumière. J’aurais fait la même chose pour n’importe lequel de mes protégés. » A cela près qu’il n’avait serré en pleurant le corps inerte d’aucun autre homme de toute sa vie. Mais ça, Dorian n’était pas obligé de le savoir.

Ce qui n’empêchait pas Dorian de continuer à lui révéler la raison de sa présence. Le fameux baiser. L’inconfort d’Oliver augmentait à chaque fois que l’événement était mentionné. Il était beaucoup trop sobre pour cette conversation. « J’espère que c’est fort » grogna-t-il entre ses dents avant de porter le cocktail à ses lèvres pour vider son verre d’un trait. Le liquide acidulé lui réchauffa la gorge, loin d’être assez fort pour anesthésier la gêne qui le dévorait tout entier. C’était maintenant ou jamais – il devait mettre un terme à tout ça avant que Dorian ne puisse continuer à se faire des idées. Je ne suis pas jaloux d’Aeden. Je n’ai pas envie de t’embrasser. Je ne m’imagine jamais passer plus de temps dans tes draps en satin. Et s’il se le répétait assez souvent, peut-être finirait-il lui-même par y croire.

Il fit quelques pas vers la fenêtre, admirant la vue d’un air distant. Mieux valait ne pas le regarder dans les yeux quand il mentait. « Écoute, Dorian… Y’a pas de mal. Pour être honnête ça a surtout touché mon égo que tu puises ton énergie dans une petite fée sortie de nulle part plutôt que dans un mec solide comme moi. » Il haussa les épaules. La tromperie était toujours plus crédible quand elle se basait sur une once de vérité.

« On fait tous ce qu’on a besoin de faire pour survivre. Je sais que t’as besoin de te nourrir, ça fait partie de qui tu es. Maintenant, va falloir qu’on gère le comment. Je suppose que tu dois puiser dans l’énergie d’autrui à un rythme régulier ? Tu es prudent ? » Voilà ce dont il avait besoin – penser à toutes ces autres personnes qui avaient déjà gouté aux lèvres de Dorian. Rien de tel pour le désacraliser dans son esprit. Pour s’occuper les mains et paraitre plus détaché encore, il se resservit un verre de chartreuse pure. « Comment tu sélectionnes tes… » Victimes. Repas. Batteries. Tous les termes qui lui venaient en tête étaient plus deshumanisants et accablants. Après un instant de blanc, il reprit : « …ces personnes que tu embrasses ? » Une curiosité morbide bien calculée : si Dorian n’épargnait aucun détail, peut-être les images seraient-elles assez sordides pour le dégouter pour de bon.  

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Alors c'est tout ce qu'il représentait à ses yeux, un simple travail qu'il devait accomplir ? La mine auparavant réjouit qu'il arborait en voyant l'homme débarquer dans sa cuisine laissa finalement place à la déception. Une déception qu'il ne parvint pas à masquer. Ce qu'il avait pu être con de croire qu'ils partageaient quoique ce soit d'autre qu'un simple lien d'être de lumière et de protégé. Tout ce qu'il avait cru apercevoir dans le regard d'Oliver n'était au final que le fruit de son imagination et une simple réaction de sa part à ses phéromones démoniaques. On ne le reprendrait plus à s'imaginer mériter ce genre de bonheur. L'amour n'était pas pour lui, il avait toujours eu raison de le croire. C'était un incube, c'était profondément ancré dans son adn et cette part de lui ne cesserait jamais de lui gâcher la vie. Si c'est une relation purement professionnelle qu'il souhaitait avoir, c'est exactement ce que Dorian lui donnerait.

Bien qu'il s'attendait pas à ce genre de réponses ni aux questions qui suivirent sur sa manière de se nourrir, il tâcha de garder tout son calme et mettre entre eux cette distance qu'Oliver souhaitait. « Comme n'importe qui sélectionnerait son repas. Je prends ce qui me fait le plus envie sur le moment et si ça ne suffit pas, je continue avec quelqu'un d'autre. » répondit-il avec une froideur qui ne lui ressemblait pas du tout. L'hybride avait toujours été quelqu'un de chaleureux, un peu trop peut-être et malgré que son cœur lui dictait de fermer sa bouche pour ne pas passer pour un gros con auprès du brun pour qui il ressentait quelque chose, son cerveau, lui, n'était pas de cet avis et désirait rendre le coup qu'Oliver lui avait asséné.

Était-ce ce qu'il voulait entendre avec sa question ? Qu'il n'était qu'une petite traînée démoniaque prenant le premier mec attirant qui lui passait sous le nez ? C'était lui qui était blessé dans son ego désormais. Se faire rejeter n'était pas une expérience dont il avait l'habitude, ni une expérience qu'il avait envie de réitérer à l'avenir.

Il termina son verre avant de tourner le dos à Oliver à la recherche d'un truc qui pourrait anesthésier son cœur rapidement. Il profita que son visage soit caché de l'ange pour essayer de faire taire ses émotions et revêtir une mine impassible, il était hors de question qu'il se ridiculise d'avantage. Il attrapa la bouteille de tequila dont il absorba le contenu sans prendre la peine d'utiliser un verre. Une gorgée, puis deux, puis dix comme si c'était de l'eau. Voilà qui était bien mieux. Il la reposa sans douceur sur le plan de travail avant de se retourner, heureusement qu'il encaissait suffisamment l'alcool pour ne pas se retrouver totalement ivre.

« Je peux tenir quelques jours sans me nourrir mais plus j'attends, plus c'est difficile pour moi de me contrôler. » Ça et aussi le fait que moins il se nourrissait, plus son physique et son attrait se dégradaient jusqu'à le rendre carrément repoussant. « J'ai déjà fais des victimes par le passé mais aujourd'hui, je gère. Je fais ça discrètement et personne ne se doute de rien. » Il y avait encore quelques ratés, notamment des personnes qui s'évanouissaient après ses baisers mais Dorian faisait toujours en sorte de rester à leurs côtés jusqu'à leur réveil pour s'assurer que tout se passe bien pour elles.

« Mais depuis Balhannoth, j'ai fais pas mal de progrès de ce côté là, j'ai plus besoin d'embrasser quelqu'un pour absorber son énergie. » Il parvenait à absorber l'énergie des passants qu'il croisait dans la rue, n'en prenant qu'une infime partie à chacun d'entre eux qui ne s’apercevaient de rien. C'était une méthode bien plus discrète et pratique que la précédente même s'il aurait besoin d'un vrai contact à un moment ou un autre pour faire taire son démon intérieur. Les incubes étaient connus pour leur libido exacerbée et il n'aurait pas le choix que de se laisser aller au plaisir de la chair pour être totalement rassasié et lui éviter de laisser ses plus sombres penchants prendre le dessus. Depuis qu'il avait découvert cette nouvelle manière de se nourrir, il s'était bien gardé de poser ses lèvres sur qui que ce soit surtout parce qu'il voulait les préserver pour un homme en particulier. Un homme qui au final n'en avait rien à faire. Tant d'efforts fait pour rien, il se rattraperait aussitôt cette soirée terminée.

« Tu veux savoir autre chose sur mes sombres instincts et mes méthodes ? Savoir comment je m'y prends pour attirer mes proies ? Je ne voudrais pas te retenir et t'empêcher de faire ton travail correctement. » Il reprit la bouteille entre les mains, s'y cramponnant comme à une bouée de sauvetage qui l'empêchait de se noyer dans toutes les émotions qu'il ressentait et cherchait à occulter.

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En quelques minutes, le visage de Dorian s’était décomposé. Le plan d’Oliver fonctionnait de toute évidence à merveille : il pouvait sentir son protégé devenir de plus en plus froid à son égard. Pourquoi alors se sentait-il autant agacé du comportement de Dorian ? Ses pensées rationnelles peinaient à prendre le dessus sur ses émotions à vif et plus rien n’avait de sens. Oliver n’était visiblement pas le seul à mal gérer cette discussion : Dorian venait de sortir la tequila et semblait bien décidé à boire la bouteille au goulot d’un trait. Un geste autodestructeur dans lequel Oliver se reconnaissait beaucoup trop. « Hé, hé ! Arrête. Tu vas te rendre malade. » Une telle dose consommée en un temps record n’annonçait rien de bon.

Oliver arqua néanmoins un sourcil à la suite de ses paroles. Le combat d’Aeden, Dorian et Oliver contre Balhannoth les avait tous poussés dans leurs derniers retranchements, les forçant à raffiner le contrôle qu’ils exerçaient sur leurs dons pour survivre. Oliver s’y était découvert le pouvoir d’influer sur la lumière, et Dorian en était apparemment aussi ressorti avec de nouvelles capacités… « Tu peux te nourrir sans… » Incrédule, ses mots s’évanouirent entre ses lèvres avant qu’il ne parvienne à terminer sa phrase. La flammèche d’un espoir interdit s’était rallumée en Oliver – cette évolution des dons de l’incube pouvait tout changer. Il planta ses grands yeux bleus dans ceux de Dorian, le regard intense et le souffle court. « Montre-moi », lâcha-t-il enfin, entre l’ordre et la supplication.

Dorian serrait la bouteille de tequila entre ses doigts si fort qu’Oliver craignait qu’elle ne finisse par éclater. Il rompit la distance qui les séparait pour aller poser ses mains contre les siennes et la lui prendre doucement, frissonnant au contact de leur peau. « Donne-moi ça. » Il avait de toute évidence touché une corde sensible et Dorian n’avait pas besoin de plus d’alcool dans son système. « Je te rappelle que la Source veut ta mort. Si elle envoie un démon t’attaquer et que tu es trop alcoolisé pour te défendre… » De sa main droite, il reposa la bouteille sur le comptoir. Il n’y avait plus aucune raison logique pour que sa main gauche soit toujours posée sur celle de Dorian – mais il ne pouvait se résoudre à la faire bouger.

Ses pensées fourmillaient, surchargeant son cerveau d’intentions contradictoires. Oliver était terrifié par sa perception soudaine du calme olympien qui régnait maintenant dans la pièce, si silencieuse qu’il en venait à avoir peur que Dorian puisse entendre ses désirs interdits les plus bruyants et honteux. Il devait parler, dire quelque chose, n’importe quoi pour reprendre le contrôle de son corps. « Il se prépare un gros truc en enfer » dit-il enfin, sa gorge lui paraissant beaucoup trop sèche. « La Source veut apparemment organiser une sorte de festin. Elle a une annonce importante à faire. L’info est en train de diffuser partout dans la communauté magique, tu vas sûrement en entendre parler. »

Très occupé à prétendre n’avoir pas remarqué que sa main était toujours posée sur celle de Dorian, Oliver pouvait sentir son pouls accélérer progressivement. Quel était son plan déjà ? Se dégouter de l’incube ? Plongée dans les yeux de Dorian, une part de lui ne rêvait pourtant que de céder à la tentation pour de bon. Mais quand ses pensées se faisaient trop explicites, la voix de Maximus lui rappelait son devoir. Il ne pouvait pas avoir une relation avec son protégé. Il n'était en aucun cas autorisé à le plaquer contre le mur attenant au bar. Il n’avait même pas le droit de s’imaginer le soulever par la taille pour l’embrasser plus passionnément. Et ça tombe bien, car je n'y pense même pas. Oliver avala sa salive, pomme d’Adam saillante sur son cou tendu. « Reste chez toi ce soir-là, d’accord ? » A quelques centimètres de Dorian, sa voix grave était à peine plus qu’un murmure. « Je ne pourrai pas faire mon travail correctement si je te sais en danger. »

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Lorsque Oliver lui demanda de lui montrer sa nouvelle méthode pour ponctionner l'énergie, Dorian fronça les sourcils, décontenancé par sa demande à laquelle il ne s'attendait pas. Pourquoi voulait-il encore qu'il lui prenne de l'énergie ? Était-ce devenu une drogue un peu trop enivrante ? Une chose dont il ne pouvait plus se passer ? L'incube savait que ses ponctions d'énergie n'avaient rien de douloureux, bien au contraire mais jamais personne ne lui avait encore demandé de le faire. A moins bien sûr qu'il ne s'agisse là que d'une simple curiosité magique et rien d'autre. « Je crois pas que ça soit une bonne idée, j'ai un peu trop bu je pourrais perdre le contrôle et te blesser. » lui répondit-il sans aucune conviction, une excuse stupide qu'il avait balancé comme ça et rien d'autre. Il était encore loin d'avoir trop bu et savait qu'il pouvait le faire s'il le voulait, la vraie question est : en avait-il envie ? Avec Oliver, s'il devait lui prendre son énergie, il préférait encore utiliser la bonne vieille méthode du baiser langoureux. A choisir, il préférait même laisser tomber l'absorption et se contenter de l'embrasser.

L'être de lumière se rapprocha pour lui ôter sa bouteille des mains, prétextant une éventuelle attaque démoniaque et le contact avec sa peau lui fit retenir sa respiration quelques secondes, comme s'il s'attendait clairement à autre chose, à un contact un peu plus charnel qu'une main posée sur la sienne. Il aurait voulu qu'il l'agrippe et l'embrasse, là dans la cuisine. Qu'il le plaque violemment contre le comptoir pour lui faire sa fête mais ça n'arriverait pas, c'était parfaitement clair maintenant, Oliver ne souhaitait qu'une relation purement platonique entre eux comme il le lui avait bien fais comprendre. Bien que Dorian désirait bien plus que ça, il devait se faire à l'idée que sans ses phéromones surnaturels enivrant les sens de l'ange, il ne l'attirait pas vraiment. Une chose qu'il pouvait changer rapidement mais qu'il se retenait de faire depuis tout à l'heure. S'il devait se passer quelque chose entre eux, il voulait que ça soit vrai. Que ça soit réel et pas une simple réaction chimique et magique à des molécules démoniaques.

La proximité soudaine du corps de l'être de lumière raviva tous ses sens qu'il avait tenté d'endolorir avec la tequila, lui faisant presque oublier sa précédente position concernant le fait de se montrer froid envers lui. Une froideur qu’apparemment, l'être de lumière avait lui-même laissée tomber. C'était plus facile lorsqu'il se tenait à plusieurs mètres de lui et qu'il n'avait pas sa main posée sur la sienne. A n'y rien comprendre, l'hybride avait du mal à cerner le brun qui avait des comportements très changeant à son égard. Dorian ne bougea pas, plongeant ses yeux dans ceux d'Oliver tout en restant droit comme un piquet alors qu'il lui révélait les festivités qui auraient bientôt lieue en enfer. Il avait beau le cacher mais le fait que le brun s'inquiète de la sorte pour lui ne le laissait pas de marbre. Il n'eut pas besoin de poser la question pour savoir qu'Oliver comptait se rendre à cette petite soirée et bien entendu, Dorian comptait bien faire de même, ne serait-ce que pour s'assurer qu'Oliver ne se mette pas lui-même en danger. Ce n'était pas son genre de rester sans rien faire et même s'il avait la Source à ses trousses, il s'en fichait. Il avait la possibilité de changer d'apparence... ça couplé à ses pouvoirs démoniaques et sa nature d'incube, il n'aurait aucun mal à passer incognito durant cette petite soirée et à se fondre parmi les autres créatures de l'enfer. Tout un plan était entrain de germer dans sa tête alors que l'être de lumière le suppliait de rester bien sagement chez lui ce soir-là. « Je ne peux pas te le promettre, je ne refuse jamais les soirées de ce genre. » admit-il en tentant de faire un brin d'humour qui camouflait à peine le fait qu'il s'y rendrait avec ou sans son accord. « Et puis, si ton travail est de me protéger, je pense que c'est mieux si je me mets en danger, non ? » Un petit sourire malicieux sur les lèvres, certaines pensées lui arrivèrent en tête, des pensées le mettant en scène avec Oliver le plaquant contre le mur, d'autres où il se retrouvait soulevé dans ses bras tandis qu'ils échangeaient un baiser bestial et passionné. Des images qu'il n'avait même pas l'impression d'être les siennes.

Lorsqu'il entendit la voix d'un homme lui dire qu'il ne pouvait pas avoir de relation avec l'un de ses protégés, il crut un instant perdre la tête et aurait pu jurer qu'il s'agissait des pensées de l'ange... mais c'était impossible, ce pouvoir n'avait jamais fais parti de sa panoplie et n'avait d'ailleurs rien à voir avec tout le reste, ce devait être une simple réaction à la forte dose d'alcool qu'il avait ingéré ou à sa forte envie de l'homme. Mais merde ressaisis toi ! se hurla-t-il dessus à l'intérieur sans même savoir que cette pensée avait été projetée dans l'esprit de l'homme face à lui. Son visage devint légèrement écarlate alors qu'il s'efforçait de chasser toutes les images obscènes et le film pour adulte qu'il se passait désormais dans son esprit. Le tout envoyé au fur et à mesure à Oliver comme si toutes ses pensées étaient maintenant en lecture partagée. J'accepterai de rester bien sagement ici à une seule condition, c'est que tu y sois toi aussi. Bien sûr, il se garda bien de lui avouer à voix haute, préférant reprendre le contrôle de son esprit en basculant la conversation sur autre chose qui lui fasse oublier tout ce qu'il avait en tête depuis quelques minutes. « Pour en revenir à ta demande de tout à l'heure, t'as toujours envie que je te pomp... » Il écarquilla les yeux face à la connerie qu'il était entrain de lui dire, se freinant juste à temps. A force de vouloir oublier ses pensées, voilà qu'elles s'invitaient dans ses paroles. « Que je te montre. Oublies. Désolé. Je crois que la tequila monte un peu trop vite. » Il brisa le contact avec sa main en faisant un pas en arrière, ne sachant plus où se mettre. Foutre ça sur le dos de l'alcool, bonne stratégie.

One kiss and you'll know everything I didn't tell you

La main fermement ancrée sur celle de Dorian, Oliver était désormais si proche de l’incube qu’il pouvait sentir son souffle chaud contre sa peau. Suspendu à ses lèvres, le regard plongé dans celui de son protégé avec intensité, l’Être de Lumière faisait tout ce qui était en son pouvoir pour refuser l’appel de son désir. Face à lui, Dorian insistait sur le fait qu’il serait forcément présent lors du banquet de la Source en enfer, ce qui fit naitre un soupir agacé chez Oliver.  « J’plaisante pas, Dorian. J’ai besoin de te savoir en sécuri– » Mais merde ressaisis toi !

Oliver, coupé en plein milieu de sa phrase, fronça les sourcils. Pourquoi Dorian venait-il de lui crier dessus ? Pire, pourquoi ses lèvres n’avaient-elles pas bougé ? L’air circonspect, il ouvrit la bouche pour reprendre la parole mais fut assailli par une vague d’images mouvantes avant même d’avoir pu produire le moindre son. Il eut soudain l’impression qu’on avait branché son cerveau sur un site pornographique au sein duquel les vidéos s’enchainaient frénétiquement, à la différence près que Dorian et lui en étaient les acteurs principaux. Pris de vertige, Oliver lâcha enfin Dorian et alla s’agripper au rebord du bar. Une migraine soudaine lui vrilla les tympans mais s’évanouit aussi vite qu’elle n’était apparue. A sa place, quelques mots s’attardèrent dans son esprit, d’une voix qui n’était autre que celle de son protégé. J'accepterai de rester bien sagement ici à une seule condition, c'est que tu y sois toi aussi.

Qu’est-ce que c’était encore que ce bordel ? Le cœur battant à tout rompre, Oliver peinait à chasser les images obscènes qui s’étaient imposées à lui, symboles de tous ses désirs interdits et inavouables. Il se frotta la tempe droite, perplexe. « Attends, attends, qu’est-ce qui vient de se passer ? T’es télépathe maintenant ? » Une pensée terrifiante le traversa alors : si Dorian pouvait aussi facilement inscrire des mots dans son esprit, avait-il aussi la capacité d’aller écouter ses pensées ? Pire, Dorian avait-il était témoin de l’expression brutale et inexpliquée de ses fantasmes… ou en était-il à l’origine ? Mâchoire serrée, sa voix grave se mua en six petits mots terrifiants : « Tu peux entrer dans ma tête ? »

Le cerveau d’Oliver était instantanément passé en mode Alerte Rouge. Il dressa la liste des plans de contingences qu’il devait immédiatement mettre en place, à commencer par se réciter un poème de son enfance pour rendre ses pensées les plus incohérentes possibles. Il allait également devoir dépenser une fortune dans l’Emporium de Cooper Malone pour acheter un pouvoir qui lui permettrait de protéger son esprit. Toute cette situation lui donnait le tournis. Qu’est-ce que tout ça voulait dire ? Dorian avait-il entendu tous ses désirs depuis leur rencontre ? « Tu ne m’en tiendras pas rigueur, je suis beaucoup trop sobre pour tout ce bordel » dit-il en se saisissant à son tour de la tequila pour en boire deux gorgées d’un coup sec.

Gorgées qu’il manqua de recracher quand Dorian lui fit sa proposition dans un lapsus des plus révélateurs. Oui, rêvait de lui répondre son subconscient, qui après ce petit film mental crevait plus que jamais d’envie pour l’incube. Oliver se contenta de se mordre la langue pour s’empêcher de répondre et prit une profonde inspiration pour calmer ses pensées agitées. Il devait se barrer de cette maudite maison avant de faire n’importe quoi. Il rompit à nouveau la distance qui le séparait de Dorian et posa ses mains sur les épaules de son protégé pour les forcer à s’ancrer dans l’instant présent, l’air sérieux. « Je dois y aller. Ne crois pas un mot de ce que tu as pu trouver dans ma tête. Tout est fucked-up là-dedans, ça ne veut rien dire. » Capable de se mentir à lui-même comme personne d’autre, Oliver se concentra pour se répéter cette phrase à l’infini : ça ne veut rien dire. Et, au milieu de sa litanie mentale, une pensée traitresse s’immisça contre sa volonté. J’ai envie de toi. « Je dois y aller », répéta-t-il dans un murmure à peine audible. Pourtant, suspendu à cet instant, ses grands yeux bleus plongés dans ceux de Dorian, l’Être de Lumière ne bougeait pas.

One kiss and you'll know everything I didn't tell you

Dorian ne voulait pas croire au fait d'être devenu télépathe mais cette révélation expliquerait tout ce qui se passait depuis tout à l'heure. Il n'était pas devenu complètement cinglé. Il avait toujours haïs ce genre de pouvoir qui permettait de s'immiscer de la sorte dans la tête des gens, de voir ses propres pensées parasitées par celles de son entourage et voilà que maintenant, il faisait parti de ces gens-là. Il n'avait aucun besoin de connaître ce qui se planquait à l'intérieur des personnes qui l'entouraient, d'autant plus qu'il risquait de ne pas forcément apprécier ce qu'il y trouverait mais dans le cas présent, il devait bien avouer que ça l'amusait assez d'avoir accès aux pensées d'Oliver et d'avoir enfin pu lever le voile sur une question importante qu'il se posait depuis un moment : L'être de lumière était-il attiré par lui autant que l'incube l'était ? La réponse était oui.

« J'en ai bien l'impression. Ça ou la tequila a été coupé avec des herbes magiques. » répondit-il en regardant le brun lui avouer être bien trop sobre pour tout ça. Il ne pouvait que le comprendre même si de son côté, il était sûr que l'absence de sobriété de sa part était ce qui avait déclenché tout ça. Pourquoi son pouvoir avait-il choisi de se manifester spécialement ce soir ? Les dons d'un sorcier étant liés aux émotions, peut-être que la déception, l'envie, la colère et sûrement l'amour qu'il avait ressenti ce soir mélangés à la boisson avaient été les déclencheurs de cette télépathie nouvelle et complètement inattendue. « Mais attends, comment tu peux savoir que j'étais dans ta tête ?! » demanda-t-il complètement surpris. Il savait qu'il devrait apprendre à maîtriser ce pouvoir rapidement car si ce soir il n'avait qu'un seul esprit à côté de lui, entendre les pensées de tout le monde d'un seul coup risquait d'être très désagréable, voire douloureux. Une situation infernale à laquelle il préféra ne pas penser pour le moment.

Son corps frissonnant sous l'impact de ses deux mains posées fermement sur ses épaules, ses sens étaient en alerte, sa partie incube l'était encore plus, prête à prendre le dessus et à lui sauter dessus mais il devait se retenir. Contenir cette part de lui qui devait rester sagement en laisse s'il ne voulait pas que l'excitation de ce moment puisse le faire dégénérer dangereusement. Il devait à la place se focaliser sur autre chose que son envie de lui. Chose impossible à faire avec cette proximité. Les mots d'Oliver sonnaient comme un lointain écho, l'esprit du sorcier focalisé sans le vouloir sur les pensées qu'il percevait chez lui. « Tu n'en penses pas un mot alors permets-moi de douter de ta sincérité. Je préfère me fier à ce qu'il y a dans cette magnifique tête. » répondit-il en caressant sa joue du dos de la main. J'ai envie de toi. Il perçut cette pensée au milieu du petit mantra que le brun tâchait de se répéter, probablement pour brouiller les pistes et un sourire naquit immédiatement sur les lèvres du plus jeune. Il n'y a pas à dire, ce pouvoir allait peut-être finalement se révéler très pratique à l'avenir.

Non chéri, le seul endroit où tu iras ce soir, c'est dans mon lit. projeta-t-il sans le savoir dans son esprit. « Désolé mais non, tu restes là. » lui ordonna-t-il en agrippant sa nuque pour attirer ses lèvres contre les siennes sans même lui laisser l'occasion de réagir. Prit dans un élan d'émotions, il ne réfléchit pas un instant et l'embrassa doucement, d'une douceur qui ne lui ressemblait pas tant il pouvait avoir ce côté sauvage lors de ses baisers habituels puis éloigna ensuite ses lèvres pour soutenir son regard avec intensité. « Tu ne peux pas me balancer que t'as envie de moi et t'en aller ensuite. » Il ne lui avait pas explicitement dis mais il n'y avait aucun doute, il l'avait pensé très fort et ce n'est pas quelque chose qui pouvait être dis à un incube sans en subir les conséquences. C'était comme agiter un steak sous le nez d'un affamé et depuis le temps que Dorian pensait à cet échange, il ne laisserait pas passer l'occasion une nouvelle fois. Il replongea sur ses lèvres pour un baiser plus langoureux, ses phéromones se dégageant vivement de son corps sans qu'il l'ait cherché devant l'intensité du moment, lui qui avait pourtant cherché à les contenir jusqu'à maintenant.