A little something - Jaelyn

Il avait demandé à droite et à gauche Allan, histoire de trouver quelques informations. Lorsqu'on arrive dans une nouvelle ville, il est important de connaître les forces en présences, non ? A qui s'adresser, qui éviter… surtout maintenant. Réveiller le pouvoir des trois, quelle idée stupide ! Mais au moins, cela présageait un tas d'amusement. Il s'ennuyait, Allan, quand rien ne bougeait, et c'est bien pour ça qu'il avait décidé de faire de San Francisco son nouveau terrain de jeu. Un jeu dangereux, certes, mais ô combien amusant !

Vêtu d'un polo immaculé et d'un jean sombre, le démon s'avançait dans les rues quelques peu désertées avec la chaleur. Il avait bien songé à enfiler un costume, mais il craignait que son apparence ne dénote de trop dans le quartier. Les apparences, c'était bien quelque chose auquel il était très attaché. Le pouvoir. Les responsabilités. Tout, ou presque, découlait de l'apparence qu'il pouvait bien avoir. En Enfer, c'était tout aussi important : pas les vêtements, encore que, mais bien qui il était et le pouvoir qu'il possédait. En parlant d'apparence, justement, la petite boutique devant laquelle il se tenait ne payait pas de mine. Une couverture, sans doute : avec un rien d'arrogance, Allan jugea que sa couverture humaine, à lui, avait autrement plus de panache. Et, étrangement, était un peu plus discrète. Personne ne s'attend à trouver un démon dans un casino mais dans une boutique de magie, n'importe qui s'attendait à trouver une sorcière ! L'Antre de Sélène. Même le nom, il n'était pas fan.

La petite clochette tinta joyeusement lorsqu'il ouvrit la porte, et le démon regarda autour de lui avec un intérêt – presque – dénué de mépris. Ils y croyaient tellement, les humains, à ce genre de grigris et pourtant, Allan était prêt à parier qu'il n'y avait rien de réellement magique parmi tous les objets qui s'alignait sur les étagères. Des pierres, des kits du parfait petit magicien, des amulettes sans doute hors de prix, mais surement hors d'usage. C'était joli, sans doute. Amusant. Les humains étaient de parfaits crétins.

Il dénotait sans doute un peu, tout de même, malgré ses précautions vestimentaires. Qu'est-ce qu'un homme comme lui pouvait bien vouloir acheter dans une boutique comme celle-ci ? Un filtre d'amour ? "Tssss" Siffla-t-il entre ses dents, ignorant le reste des objets pour chercher du regard la propriétaire. Jaelyn quelque chose, lui avait-on dit. Tueuse à gage (ça ne l'intéressait pas), propriétaire (ça ne l'intéressait pas davantage) et éventuellement, pourvoyeuse d'information. Nettement plus intéressant pour lui. Il afficha son plus beau sourire, parce qu'il savait être charmant Allan, avant d'engager la conversation. "Bonjour. Je cherche la propriétaire de cette boutique, j'ai quelque chose à lui proposer qui, je l'espère, l'intéressera." A ce qu'il en savait, c'était peut-être bien la jeune fille à laquelle il s'était adressé, la propriétaire. Peu importe. Elle était à moitié Phenix, lui avait indiqué sa source : est-ce qu'elle avait un tatouage, comme chez ceux de sa race ?

C'est bien pour ça qu'il n'aimait pas trop les hybrides, Allan : avec eux, rien n'était fiable, rien n'était sûr. Et franchement, pour un homme qui gagnait sa vie en jouant sur les statistiques et les probabilités, il préférait quand même quand les choses étaient carrées.

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A little something

Jaelyn s’affairait dans sa boutique, façade aux yeux des mortels offrant un panel d’objets et livres ésotériques, un lieu qui ne payait pas de mine et se fondait dans cette partie de la ville accueillant des établissements similaires. La phenix s’amusait de ce cliché, cependant il y avait bien de la magie sagement cachée aux yeux des visiteurs dans l’arrière-boutique notamment, prestation qu’elle destinait à ses clients magiques réguliers. Elle était en train de ranger le dernier arrivage de recueils dans les étagères quand la clochette de l’entrée tinta. Un homme, tenue plutôt décontractée dont le regard balaya les marchandises sans s’y arrêter. L’hybride posa le livre qu’elle avait en main et se dirigea vers lui.  

- Bonjour, je suis Jaelyn Smith, la propriétaire, dit-elle en se demandant ce qu’il avait à lui soumettre. Son regard détailla son visiteur, intrigué. Qu’avez-vous à me proposer vu que vous n’êtes pas ici pour acheter quelque chose ?

Dommage qu’elle ne puisse identifier d’un coup d’œil l’origine des êtres qui se présentaient. Avec l’habitude elle savait reconnaitre certains traits mais cet homme lui était inconnu. La phenix affichait un sourire engageant dans l’attente de plus d’explications, elle en profita pour réajuster les manches de son haut couleur azur qui surmontait une jupe noire lui arrivant au dessus des genoux. Bien qu’elle considère sa boutique comme une zone neutre, elle restait sur ses gardes, prête à riposter en cas d’altercation.

Il avait donc trouvé la propriétaire, parfait ! Première objectif réussi, donc, même si… et bien, elle ne payait pas de mine, autant que sa boutique. A nouveau, Allan sait que les apparences, si elles sont importantes, peuvent être parfois trompeuse mais la jeune femme qui se tient face à lui semble trop jeune et trop fragile pour lui être d'une réelle utilité. Soit. Il verra bien.

Il devrait lui serrer la main. Peut-être. Son pouvoir n'a pas réellement besoin d'être canalisé par le toucher mais avec l'expérience, Allan s'est rendu compte que c'était bien plus facile de se concentrer avec un contact physique. Sauf que… si cette fille peut réellement lui rendre service, la placer sous son emprise n'est sans doute pas le meilleur moyen de faire. Une humaine, il ne s'embarrasserait pas de tant de scrupules inutiles mais les Phenix, pour s'être déjà frotté à eux, sont une communauté particulièrement agaçante quand ils s'y mettent. Ils prennent bien trop au sérieux leur statut de tueur, de l'avis d'Allan. Enfin bon, tant pis : il allait faire ça à l'ancienne, tant pis pour le côté amusant. Et puis si elle ne lui servait à rien, il serait toujours temps d'user de ses illusions sur elle, après tout.

En tout cas, il ne s'était pas trompé, c'était bien elle. Offrant son plus beau sourire, histoire de la rassurer sur ses intentions, le démon se présenta à son tour. "Allan Spencer. Des connaissances communes m'ont vanté votre professionnalisme et votre capacité à trouver des informations qui ne sont pas à la premières portées d'oreilles venues." Oh, comme il serait plus simple, tout de même, de faire usage de son pouvoir sur elle ! "Je suis nouveau en ville, voyez-vous, et j'aimerai autant savoir à qui je peux me confier et qui je dois éviter."

Il s'amuse Allan, de ne pas lui révéler sa vraie nature, de ne pas dévoiler ce qu'il cherche ou qui il est. De ce qu'il sait, Jaelyn est neutre, travaillant sans doute pour le plus offrant. Et il est prêt à payer ce qu'il faut, Allan, pour connaître un peu mieux cette ville et ceux qui la composent, côté monde magique. Il ne rechignera pas, non plus, à récupérer des informations sur les Covens. Leur mystère l'intrigue, et savoir s'il doit s'en méfier est une réelle question. "Vous avez un endroit pour discuter de façon un peu plus discrète ?" s'enquiert-il, bien conscient que demander des informations sur les êtres bénéfiques en présence, même au milieu d'une boutique Wicca, cela a toujours un côté un peu farfelu pour les humains. Et son intention n'est, définitivement pas, celle d'attirer l'attention. Il a remarqué, cependant la légère tension dans les épaules de la jeune femme et espère ne pas se méprendre et ouvrant ses mains, signe de paix s'il en est. "Je n'ai pas l'intention de causer du grabuge." Assure-t-il avec un sourire entendu. Oh que non. Si grabuge il doit y avoir, ce ne sera pas de son fait : il a des méthodes bien moins salissantes, Allan, que de s'en prendre physiquement à ses ennemis.

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A little something

Jaelyn accrocha le regard azuré de son client qui se présenta et aborda la raison de sa présence. Sourire charmant, belle prestance, nouveau venu en ville, rien qui indiquait son appartenance. Des informations, la phenix pouvait en avoir. La nature de cet échange confirmait néanmoins le caractère magique de son visiteur. Qui viendrait voir la gérante d’une boutique ésotérique pour demander des renseignements sur les parties en présence si ce n’était une créature magique ? Jae écoutait l’homme tandis qu’un sourire avenant se dessinait sur son visage.

- Oui, il est possible de discuter derrière, dit-elle avec un petit geste vers le fond de la salle avant d’inviter son visiteur de la suivre. Elle glissa un regard en coin à Allan lorsqu’il indiqua ses bonnes intentions, laissant transparaitre un éclair de dureté sur son visage. De toute manière, je n’apprécie guère les trouble-fêtes dans mon magasin qu'ils soient humains ou magiques... Si elle remarquait quelque chose qui la contrariait, elle n’hésiterait pas à l’envoyer balader et à le téléporter ailleurs.

Une fois à l’abri des regards indiscrets, Jaelyn se tourna vers le demandeur.

- Que souhaitez-vous savoir sur les forces présentes en ville ?

Terrain de jeu des bénéfiques et des maléfiques, elle saura évoquer les covens et d’autres acteurs du monde magique. Et si elle n’avait pas l’info, elle fera en sorte de se la procurer.

Leur discussion se ferait loin des oreilles indiscrètes, et c'était préférable. Pas que les informations que recherche Allan soit strictement confidentielles – quoique – mais les humains étaient particulièrement agaçants avec leurs préjugés parfois. Et si un démon veut bien vivre dans le monde humain, Allan le sait, mieux vaut faire des concessions. Ne pas tuer les humains agaçants est une énorme concession. Jaelyn l'invite d'un geste à le rejoindre dans l'arrière-boutique. L'expression de la jeune femme se fait plus dure, l'espace d'un moment, laissant transparaître cette brutalité et cette détermination qu'Allan a toujours admiré chez ces êtres magiques. Des qualités essentielles, si l'on veut être un bon tueur, il suppose.

Mais qu'elle se rassure, il sera sage. Un invité exemplaire, surtout tant qu'il veut obtenir quelque chose. La jeune femme se tourne vers lui, et Allan ne retient pas un soupir d'agacement. Droit au but, donc, sans même l'hospitalité la plus exemplaire : un fauteuil confortable, une boisson rafraîchissante… mais bref, direct à l'essentiel, pas de souci. "Qui sont-elles, de qui je dois me méfier, ce genre de chose. Le souverain des Enfers assoit sa position, et cela ne se fait pas sans quelques opportunistes qui cherchent à profiter de son aura. Je suis prêt à payer pour ces informations." A bien payer, il ne juge pas utile de le préciser. Parce qu'il faut de l'argent, pour vivre décemment dans le monde des humain, et il doute que ce genre de boutique rapporte beaucoup. Les informations et les contrats sont sans nul doute bien plus enrichissants.

Allan promène avec curiosité son regard autour de lui, sur ces étagères remplies de bibelots soi-disant magiques. Qu'ils sont naïfs et innocents, ces êtres dépourvus de pouvoir, tout de même ! "Et j'aimerai savoir ce que vous savez des Covens. Qui sont à leur tête, si possible. Qui les protège, ce genre de chose." Explique Allan en faisant un geste de la main, qui n'a pas besoin de traduction. Ce qu'il recherche, c'est assez limpide : des infos, et une faille éventuelle. Tout pour se prémunir d'un désagrément potentiellement mortel.

A ce qu'on lui a dit, la jeune femme se montre neutre, ne prenant parti pour aucune force en présence. Personnellement, Allan a toujours trouvé les gens neutres suspects au possible : jamais fiables, toujours dangereux, ils sont une plaie pour chacun des deux camps. Après, question commerce, c'est peut-être intéressant suppose-t-il. Sans doute que ceux qui viennent jouer dans son casino sont-ils aussi pour le camp du Bien ? Il s'en fiche, c'est vrai, tant qu'il récupère son argent. "Oh, et je recherche des informations un peu plus poussées que de vagues rumeurs." Juge-t-il bon de préciser. Parce qu'il veut bien payer, encore faut-il qu'il en retire un bénéfice réel.

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A little something

Jaelyn entra directement dans le vif du sujet, demandant à son visiteur quel type d’information il souhaitait. Elle ne tenait pas à faire perdre du temps à son client cependant, elle remarqua le soupir d’agacement lâché par le dénommé Allan Spencer. Elle écouta ses demandes, son besoin d’information s’étendait sur un large périmètre vu qu’il souhaitait autant de renseignement relevant du camp bénéfique que du camp maléfique, un homme qui voulait connaitre les forces en présence ainsi que les menaces internes et externes.

- Très bien. Elle s’interrompit et il mit à profit pour compléter sa demande en évoquant les covens et préciser la profondeur d’exactitude des infos qu’il voulait. Un fin sourire éclaira le visage de la phenix. Je comprends vous souhaitez des dossiers étoffés, il y aura certaines infos plus dures à récolter que d’autres mais si vous m’en laissez le temps, je peux m’en charger.

Dans l’arrière boutique, outre les marchandises visibles, il y avait une zone un peu cachée où se trouvait un bureau ainsi que des fauteuils. Et, maintenant qu'elle en savait plus, elle l’invita à rejoindre cet emplacement pour y prendre place.

- Maintenant que vous m’avez indiqué votre besoin, quel délai me donnez-vous et quel tarif êtes-vous prêt à payer ? Sachez que je prends un pourcentage en avance.

Jaelyn procédait ainsi pour la plupart de ses contrats, demandant une avance pour régler les frais engendrés. Pour cette récolte de renseignement, elle pensa immédiatement à Gwendoline, la chef du coven de la Lune, ainsi qu’au directeur de l’école de magie. Elle avait des liens dans les deux mondes et elle allait devoir transmettre suffisamment d’information à Allan pour qu’il soit satisfait tout en évitant d’éveiller les soupçons de ses relations. Jeu d’équilibre parfois difficile à entretenir.

Visiblement, Allan a misé sur la bonne candidate pour ses infos : Jaelyn semble persuadée d'être capable de lui fournir le travail demandé, à voir si elle tient ses promesses, évidemment. Elle semble avoir cerné assez bien ce qu'il réclame en vérité, ce qui démontre qu'elle n'est pas un amateur dans ce genre de job. Parfait. Allan a appris, avec le temps, que s'entourer de gens compétents est rarement source de déception, malgré le prix où on les paye. La qualité, ça vaut de l'argent, en ce monde. La jeune femme l'invite à prendre place, et Allan la regarde avec curiosité : tiens, a-t-il gagné le droit de pouvoir s'asseoir, faisant de lui un client important ? Ce n'est pas un statut qu'il est sûr de vouloir avoir, mais c'est toujours agréable d'être bien traité, alors il ne rechigne pas à s'installer. Surtout que le sujet principal venait d'entrer en jeu : l'argent.

"Peu importe que cela soit difficile." Souligne le démon avec un rien de condescendance. "Je me fiche bien de comment vous obtenez vos informations, tant qu'elles sont fiables." Et puis bon, c'était son travail, non ? Si c'était trop compliqué, il fallait refuser, point. Certes, il ne l'aurait pas bien pris, parce que bien peu sont les gens à lui dire non et à en réchapper indemnes, mais elle pouvait toujours refuser. Peut-être. "Quant au temps que cela mettra, j'imagine que vous pouvez me donner des informations préliminaires d'ici… deux semaines ?" Cela lui semble une bonne limite de temps, pour des premières infos.

"Je ne suis pas assez naïf pour croire que vous pourrez rassembler tout ce que je vous demande en deux semaines, attention." Explique Allan, observant la jeune femme de ses yeux clairs. "Juste un tableau grossier, que vous affinerez avec le temps." Juste pour avoir une idée des capacités de la Phenix et de ses compétences. Il se doute bien, Allan, que des informations détaillées sont longues à obtenir, surtout si elles doivent être fiables. "Je suis prêt à payer ce qu'il faut pour être sûr d'avoir les bonnes informations." Lui assure le démon, soupesant la jeune femme des yeux. Qu'attend-elle ? De l'argent ? Combien ? Combien est-il prêt à mettre, sans que cela paraisse trop généreux, ou trop peu pour qu'elle se mette à la tâche efficacement ? Combien se paye l'efficacité, de nos jours ? Et la loyauté ?

"50 000 dollars maintenant, le double lorsque je m'estimerai satisfait de vos informations ?" Demande Allan, luttant de toutes ses forces contre l'envie de lui insinuer qu'elle pourrait le faire gratuitement. Si l'idée qu'elle pourrait détecter l'utilisation de son pouvoir démoniaque ne l'arrêtait pas, Allan l'aurait fait depuis longtemps. Mais il n'a pas envie de se la mettre à dos, la jeune femme, surtout qu'elle semble compétente. Cela ferait désordre, d'essayer de s'entretuer, si peu de temps après son arrivée à San Francisco. Vraiment désordre. Après, si elle se montre trop gourmande, ce sera une façon comme une autre de régler leur différent, non ? Ce sera de sa faute, après tout. Pas celle d'Allan.

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A little something

Peu regardant sur les méthodes… Jaelyn hocha la tête d’un air entendu quand il réitère la fiabilité qu’il attendait dans les informations qu’elle lui transmettrait. Deux semaines ? La phenix se fit pensive, écoutant les précisions que son visiteur apporta avant d’acquiescer.

- Sous deux semaines pour les premiers éléments, c’est bon pour moi. Il laissa entendre un engagement longue durée puisqu’il évoqua les ajouts complémentaires qu’il attendait d’elle. En tout cas, l’argent ne semblait pas un problème pour le dénommé Allan. Il annonça une mise de départ puis le double quand il serait satisfait. Jae plissa les yeux car cette dernière condition se voyait assujettie au ressenti et au contentement de son client. Donc potentiellement une somme dont elle ne verrait jamais le montant si elle ne remplissait pas son engagement. Une variable sur laquelle elle n’aurait pas une maîtrise totale. Mais, cela pouvait être considéré comme un défi, satisfaire son interlocuteur en comblant ses exigences voire plus. Elle se redressa ayant pris sa décision, mais avant de l’annoncer elle avait une dernière question. Quelles modalités souhaitez-vous suivre pour la transmission des dossiers ?
Souhaitait-il les récupérer à la boutique ? Ou dans un lieu de sa connaissance ? Par voie orale ou écrite ? Des petits détails qui pouvaient avoir leur importance.

- Quoiqu’il en soit, j’accepte votre sollicitation.
Jaelyn avait déjà en tête des noms, des postes, des liens… A elle de les exploiter pour son client du jour sans se compromettre.

La durée lui semble bonne, suffisamment, l'espère Allan, pour lui fournir des premières informations de qualité. Au moins un tableau grossier de qui il doit éviter, et sur qui il ferait mieux d'en apprendre plus pour être sûr de ne pas subir un sort fâcheux. Il n'est pas naïf Allan, il sait que dans le monde démoniaque, ce ne sont pas forcément les êtres les plus lumineux qui sont les plus dangereux. Se méfier, tout le temps, de tout le monde : on apprend, à la longue. Mais s'entourer est parfois essentiel, malheureusement : c'est bien compliqué, de gérer sur tous les fronts.

Il ne quitte pas des yeux la jeune femme, tandis qu'elle se redresse. Il se vante d'être un bon juge de caractère Allan, bien peu surprenant quand son pouvoir permet de manipuler le mental des autres et donc de savoir le lire. Cela n'empêche pas qu'il se trompe, malheureusement : l'expérience a été douloureuse, mais pas unique. Cela arrivera encore, il le sait. Mais cette Jaelyn semble, à défaut d'être totalement digne de confiance, disons… probablement honnête. Tant qu'il la paiera, ou qu'elle ne trouvera pas mieux ailleurs, mais c'est mieux que rien. "Parfait." Lâche Allan lorsque la jeune femme lui annonce qu'elle accepte. "Pour la transmission, comme cela vous arrange." Tant qu'il a l'information, franchement, il s'en fiche bien de savoir comment elle lui est transmis. La vraie question, c'est est-ce qu'il a envie d'être vu avec elle, sans que ses intentions paraissent suspectes à qui que ce soit ? Non, probablement non.

"Je vous demanderai juste d'être discrète." Se sent obligé de préciser le démon, avant de fouiller dans son portefeuille et de lui remettre une carte de visite. Neutre, commune, absolument humaine. Le nom du casino, sur un fond noir, et le sien au verso, avec sa fonction et un numéro de téléphone. Pas trop tape-à-l'œil, pour quelqu'un comme Allan. Pas assez à son goût, d'ailleurs, mais parfois, il a bien dû se rendre à la raison : la discrétion est une arme, au même titre que ses pouvoirs. "Appelez-moi quand vous aurez des nouvelles, nous conviendrons d'un rendez-vous." Changer de lieu de rencontre sera plus facile ainsi, sans doute. Le démon brosse une poussière imaginaire sur son épaule, avant de se lever à son tour. Sa main tapote sur une étagère avant qu'il ne reprenne la parole. "Je saurai récompenser votre efficacité… et votre loyauté." Avertissement donné avec élégance, mais qu'elle ne s'y trompe pas, la jeune femme : il est mortellement sérieux, Allan. "Comment voulez-vous procéder pour le paiement ?" C'est-à-dire qu'il ne se promène pas avec une telle somme en liquide sur lui, bien évidemment.

Trouver un livreur plus ou moins volontaire ne sera pas compliqué pour Allan, qui a l'habitude que les gens se plient à ses demandes. Le côté pratique lui importe peu, en réalité. Sinon, il peut lui acheter un objet pour la somme qu'elle désire, et à elle de se débrouiller ensuite. Avisant un vase au décor ésotérique à côté de la jeune femme, le démon décide de laisser sa curiosité prendre le dessus. "Est-ce que vous vendez réellement quelque chose de magique dans cette boutique ?" Il a posé la question de la manière la plus polie qu'il soit, histoire qu'elle ne se vexe pas. Il sait qu'en ville, certaines boutiques proposent des objets bien moins accessibles aux humains, mais ici ? Il s'y connaît en illusion Allan, et savoir que tout n'est que poudre aux yeux lui semble délicieusement ironique.

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