the warmer side of cool (borée)

the warmer side of cool

Le fondateur s'éclipsa dans un sourire et une mise en garde qui jura avec ce dernier. Rien que Reed puisse prendre personnellement, vu qu'ils faisaient toujours ça pour le dire qu'il le surveillait comme s'il finirait un jour par poser le même problème que sa mère. Il n'a jamais réellement aimé les fondateurs pour cette raison malgré leur entente particulière. Il n'avait aucun doute sur le fait qu'il n'était considéré que comme de la vulgaire chair à canon qu'on pouvait envoyer sur le champ de bataille, un bon petit toutou qui était bon pour jouer à va chercher avec des objets dangereux. Serviteur fidèle qui ferait tout pour effacer les crimes des géniteurs, même s'il avait déjà fait bien plus qu'il n'en fallait. Tout le monde le savait. Le porteur de l'épée et les fondateurs entretenaient donc une relation de presque confiance basée sur leur déférence pour l'ordre et faire ce qui doit être fait. Ils ont leurs divergences sur la manière d'y arriver, mais contrairement à sa mère, Reed ne s'est jamais montré vocal sur ce sujet. Reed en tirait quelques avantages, comme pouvoir récupérer un objet qu'il était censé garder mais recherché par son propriétaire légitime. Puis objectivement, il ne faisait que réclamer quelque chose qu'il n'aurait jamais eu sans lui-même, même s'il avait promis de remplacer l'objet par un autre.

La couronne reposait maintenant entre ses doigts. Même protégée dans son carcan de verre et de soie, on pouvait sentir un froid mordant, comme si elle était entourée d'un blizzard personnel qui soufflait à travers son métal argenté recouvert d'une fine couche de givre. L'objet avait été façonné avec une grande précision, agrémenté d'ornements rappelant les flocons et l'hiver. Les éléments semblaient se mouvoir dans un vent invisible. Il passa quelques minutes à l'inspecter, comme il avait pu le faire la première fois qu'il avait eu la couronne entre les mains. Il voudrait bien ressentir le Frisson qu'il avait eu en combattant les différentes élémentaires venteux du temple où était gardé l'artefact. Lutter contre des forces immatérielles avait été un véritable défi, surtout qu'il n'était pas encore le porteur de l'épée. Le fait qu'il avait bel et bien failli mourir était distrayant par essence.   Il s'en empara avant de la faire disparaître pour mieux pouvoir traiter avec son propriétaire. Borée.

Il s'assit sur son canapé puis alluma une bougie en face d'une sculpture du dieu, un vieil homme à la barbe flottante et aux ailes déployées soufflant un vent glacé. Son souvenir du dieu ne correspondait pas à sa représentation taillée dans la pierre, il faudrait peut-être que la divinité repense à se faire sculpter, mais ça fera sûrement l'affaire pour le contacter. En vérité, il n'en savait rien. Il n'avait jamais traité avec une divinité. Le petit autel improvisé sur sa table basse, agrémenté d'encens et du meilleur cheeseburger de San Francisco, lui semblait être une bonne idée, mais il pouvait se tromper. On ne pourra pas lui repocher d'avoir essayé.  Il ferma les yeux avant de réciter.

— Hey Borée, t'es là ? Ou peut-être plus...Grand Dieu de l'Hiver, toi qui diriges le vent du Nord, accepte ces nobles offrandes et souffle jusqu'ici pour que je puisse te remettre ce qui t'a jadis été pris.

Reed n'a jamais été doué pour les mots, mais il faudrait que le dieu s'en contente. Et si ça ne marchait pas, pour une raison quelconque, il saura que les dieux sont sourds et il passera un vieux coup de téléphone. Il devait l'avoir noté quelque part.

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Accoudé à la rambarde du balcon de l'appartement volé dans lequel il résidait depuis qu'il avait tué ses propriétaires, Borée était perdu dans ses pensées alors qu'il contemplait les immenses buildings de la ville dans laquelle il avait été libéré de sa prison un an plus tôt, des pensées qu'il avait beaucoup de mal à se sortir de la tête. Il repensait à sa vie d'avant, une vie qui lui manquait plus que tout. Il n'avait toujours pas de boulot, pas de vie à proprement parlé, il errait comme une âme perdue dans un monde dont il ne connaissait pas grand chose. Ezekiel avait été là pour lui dès son retour et lui avait appris à se fondre dans cette époque mais il avait néanmoins du mal à se faire à certaines choses, à commencer par les vêtements. Depuis quand la nudité était-elle devenue un problème dans le monde ? Par le passé, personne n'était contre apercevoir des torses musclés ou des poitrines s'échapper d'une toge un peu trop serrée.

Il se débrouillait pas mal avec la langue locale maintenant, cette dernière n'avait pas été très compliquée à apprendre mais toutes les coutumes, les lois et les technologies, c'était autre chose et il avait beaucoup de mal à s'y faire. De son temps, la vie avait l'air bien plus simple et nombres de choses n'existaient pas. Des guerres, des rois, des Dieux, des mariages et une vie simple, c'était tout ce qu'il y avait à savoir autrefois. Aujourd'hui, la plupart de ces choses avaient disparues à commencer par les religions. Plus personne ne croyait en lui, il n'entendait plus aucune prières lui étant adressées, aucun humain ne pensait à lui. Il était devenu un fantôme dont l'existence n'était plus relatée que dans certains ouvrages ou sur internet. Ce réseau qu'il avait eu beaucoup de mal à comprendre et dont il peinait encore à en saisir les rouages.

Une voix résonna dans son esprit, une voix qui ne lui était pas inconnue mais à laquelle il ne s'attendait pas entendre aussi rapidement. C'était celle de Reed, l'homme à qui il avait fais appel pour récupérer l'un de ses biens terrestres les plus précieux : sa couronne dérobée par Eole juste avant qu'il ne l'enferme. Depuis son retour, il avait entendu quelques histoires concernant un artefact ayant la capacité de fournir à son porteur la capacité de commander aux vents d'hiver et ça avait tout de suite fait tilt dans son esprit, il ne pouvait s'agir que de sa couronne. Non pas qu'il en avait besoin pour utiliser ses pouvoirs mais cet objet lui appartenait. A lui et à lui seul alors hors de question de la laisser dans la nature. Et puis, il fallait bien avouer qu'elle avait une certaine classe. Borée se souvenait encore de la période pendant laquelle il la portait, lorsqu'il résidait dans son Palais en Thrace et lorsqu'il était encore adulé de tous.

En parlant d'adulation, entendre une prière après tout ce temps lui décrocha un léger sourire. Il en avait oublié à quel point il aimait ça. Sans se faire attendre plus longtemps, il se téléporta dans une tornade de vent et de glace pour apparaître juste derrière l'homme assis sur son canapé qu'il toisa de haut en bas avant de se manifester en se raclant la gorge.

« Où est-elle ? » demanda-t-il sans même prendre la peine de le saluer tant il était impatient de remettre enfin la main dessus. Il observa l'autel face à l'homme et s'en approcha doucement pour attraper le cheeseburger. C'était une première ce genre d'offrande mais il n'allait pas cracher sur un peu de nourriture, avaler quelque chose de solide ne pouvait pas lui faire de mal, lui qui enchaînait les nuits de beuveries depuis son retour. « Charmante intention. » Il leva le sandwich en direction de Reed avant de croquer dedans, attendant sa réponse concernant sa couronne. « Mais j'ai une préférence pour l'alcool et les corps nus » Car oui, avec lui il y avait toujours un mais même s'il appréciait sincèrement le cadeau. « La prochaine fois, ne te tracasses pas avec tout ça, après tout, tu vas déjà me faire la plus belle des offrandes. » ajouta-t-il avec un sourire qui rompait avec sa froideur naturelle.

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Il eut à peine le temps de tenter de mémoriser où il avait bien pu laisser le post-it où était son numéro qu'une voix s'annonça derrière lui, amenant avec elle une brise glacée qui lui hérissa le poil. Il retint tout juste son réflexe d'invoquer sa lame pour trancher l'espace derrière lui. Il n'était pas un grand fan des arrivées surprises. Il aurait pensé que le dieu aurait au moins eu la décence de s'annoncer en faisant claquer les volets des fenêtres ou en altérant la température de la pièce. Il ne dirait pas qu'il est déçu, mais il s'attendait à une apparition plus grandiose. Le dieu avait dû perdre la main depuis ses millénaires d'existence, ou c'était peut-être l'empressement de retrouver cette fameuse couronne qu'il réclamait déjà.

Il ne répondit pas directement à la question, se contentant de le regarder piocher le burger pour l'apporter à sa bouche. Il avait toujours cru que les dieux ne se nourrissaient pas réellement des aliments mortels, que c'était l'attention ou le fait que le dévot sacrifie quelque chose pour la déité qui comptait. D'autres disaient d'ailleurs que les dieux ne pouvaient pas se nourrir d'aliments physiques et qu'il fallait les faire brûler pour que la fumée les atteigne. Que des mythes donc. Le mystère qu'ils représentaient expliquait d'ailleurs la raison pour laquelle il voulait traiter avec l'entité du Vent du Nord. Le second point étant que les anciens héros ont toujours cherché à s'attirer les faveurs des divinités, et Reed n'était en rien différent. Ses cadeaux lui plurent, mais il dégaina rapidement un post-it de sous sa table basse pour y noter "offrandes Borée : alcool (vin rouge ?), femmes nues ? ". Il le colla sur la statue au moment où Borée terminait sa phrase dans un sourire.

Il ne put s'empêcher de se demander combien de temps il durerait en apprenant qu'il ne comptait pas la lui remettre tout de suite, préférant éclaircir quelques points obscurs. Points qu'il ne savait même pas comment aborder. C'était sa sœur qui savait manier les mots pour concilier ses besoins et ceux des autres. Lui n'avait toujours été qu'une paire de bras, et quand il tentait de l'imiter, il ne faisait en général qu'envenimer les situations. S'embrouiller avec des gens qu'il pourrait cogner ne le dérangeait pas vraiment, mais un dieu, c'était tout autre chose. Merde. Il aurait dû trouver de meilleures offrandes mais Google ne lui avait pas été d'un grand secours.

— La prochaine fois, je ferai en sorte qu'il y ait ce dont tu... Ce dont vous ? Je dois vous tutoyer ou vous vouvoyer ?

L'échange avait été si bref la fois dernière qu'il ne se rappelait même plus ce qu'il devait employer pour s'adresser au dieu. C'était d'ailleurs bien la première fois qu'il se posait ce genre de question aussi. Toute cette situation le mettait mal à l'aise. Il n'attendit même pas sa réponse, le vouvoyant en attendant.

— J'ai votre couronne, ok ? Mais avant de vous la donner, j'aurais juste besoin de savoir deux trois trucs à son sujet, d'accord ?

Il était hors de question qu'il déclenche je ne sais quel cataclysme hivernal et crée un remix des marcheurs blancs en lui remettant cette couronne.

— Déjà, pourquoi est-ce qu'on vous l'a prise ?

Il fixa ses yeux pour voir s'il pouvait y trouver un début de tempête. Les divinités étaient rarement présentées comme des personnes patientes et dans le cas de Borée il était presque sûr que c'était vrai.

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Borée l'observa noter les nouvelles informations sur un post-it avec une rapidité fulgurante et s'approcha pour décoller le papier afin d'y barrer le mot femmes et ajouter hommes à la place. Oui, il était dans sa période où les corps masculins lui plaisaient d'avantage, surtout à cette époque où les hommes prenaient de plus en plus soin de leur apparence.

Il adressa un clin d’œil à Reed qui était parfaitement le genre d'homme que Borée avait dans le viseur avant de le remettre en place sur la statut très peu élogieuse de sa personne. Il avait toujours été dépeint comme sur cette statut : un vieillard barbu et grisonnant en toge. Exactement comme les Fondateurs. Il en était pourtant très loin, lui qui avait une apparence plus qu'avantageuse et transpirant la jeunesse et la force.

Il grimaça en reposant le cheeseburger sur la table alors que l'air autour de lui devenait un peu plus froid, ses yeux prenant une teinte hivernale tandis qu'il essayait de maîtriser ce début de colère qui naissait en lui. Évidement que ça ne pouvait pas être aussi facile. « Comme il te plaira. » répondit-il à sa question sur le vouvoiement. Aujourd'hui, il semble que le vouvoiement était un signe de politesse mais ce n'était pas une chose à laquelle il accordait beaucoup d'importance.« J'accepte de répondre à tes questions mais saches que la patience est loin d'être une de mes qualités alors ne me fait pas trop attendre. » En avait-il seulement quelques-unes ? Il se plaisait à croire que oui même s'il aimait également faire croire le contraire. Avoir l'image d'un Dieu colérique à qui on ne refusait rien sous peine d'une exécution lui plaisait beaucoup. « J'ai horreur que l'on joue avec moi. » ajouta-t-il comme un avertissement. Jouer avec les autres, c'était plutôt quelque chose que lui faisait.

« J'imagine que c'était un genre de trophée pour la personne qui m'a enfermé.  » admit-il en détournant le regard, faisant le tour de l'appartement pour observer chaque objets présents ici. Une brise glacée tourbillonnait toujours autour de lui mais il parvenait à se maîtriser pour ne pas changer le chasseur d'artefacts en glaçon. Pas encore du moins. Pas tant qu'il ne savait pas où était exactement sa couronne. « Avoir mon corps dans une urne ne devait pas être suffisant. Il a voulu s'approprier aussi tout ce qui m'appartenait. » Penser à Eole le mettait dans une rage folle à chaque fois tant son désir de lui rendre la pareille était grand. Une rage telle qu'il ne se rendit pas compte de la traînée de glace qu'il laissa en faisant vagabonder le bout de ses doigts sur l'un des meubles de la pièce.

« La vraie question c'est, qu'est-ce qu'il va falloir que je fasse exactement pour la récupérer ? » Un sourire carnassier illumina ses lèvres alors qu'il se rapprochait dangereusement de l'homme. Rien n'était jamais gratuit, il n'était pas dupe. Répondre à une série de questions ne serait que le début, Reed attendrait un service de taille égale de sa part. Ses doigts grimpèrent le long de ses larges épaules alors qu'il se tenait tout près de lui. « J'imagine que ma seule compagnie ne suffira pas ... » Il était la personnification des vents glaciales de l'hiver mais le Dieu savait aussi faire preuve d'une certaine forme de chaleur lorsque c'était nécessaire.

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Il fixa un instant la rature qu'avait laissée le dieu sur le papier bleuté, corrigeant le travers de Reed. Il est vrai qu'il s'agissait d'une divinité grecque et le cantonner à des désirs hétéronormatifs ne devait pas lui correspondre. Au moins, il n'avait pas semblé s'en offenser, lui décochant même un clin d'œil. Est-ce qu'il serait possible que le dieu le drague ? Reed n'y voyait pour l'instant qu'une sorte de jeu auquel il serait presque pressé de participer. Il avait lu bien trop de mythes, puis Borée semblait bien trop dangereux pour qu'il se refuse ce genre de défi. Cependant, il restait un dieu avec lequel il tentait plus ou moins de marchander. Marchander d'une bien piteuse manière, vu qu'il sentit la température de la pièce s'abaisser légèrement. Comme il s'y attendait, une tempête contenue avait pris place dans ses yeux, et ses avertissements lui firent bien comprendre qu'il ne faudrait pas grand-chose pour qu'il la déverse sur lui.

Un frisson lui parcourut l'échine, et il n'était nullement la faute du froid. Reed se sentait soudainement réellement en danger, et son corps adorait ça. Le malaise fit peu à peu place à un sentiment plus familier. L'appréhension qui intervient juste avant un moment fatidique. La légère peur qui s'immisce juste avant que l'on se jette sur le champ de bataille. Il le regarda tourner autour de ses quelques objets de collection, un vent invisible faisant se mouvoir ses vêtements. Il faillit manquer sa première révélation, tellement il était concentré sur sa posture. Il pouvait y lire une certaine colère qui transpirait de toute façon dans sa voix. Le dieu avait été enfermé dans une urne. Cette information appelait à plein d'autres questions que son esprit mit en sourdine. Il n'était concentré que sur son corps et sa musculature, alors qu'il laissait s'échapper de la glace sur son mobilier. Reed savait qu'il n'aurait pas voulu être la personne à qui il pensait à cet instant.

Le dieu s'approcha soudainement de lui, et chaque pas ne firent qu'accélérer les battements dans sa poitrine. Si Reed s'attendait à ce que l'on coupe dans ses interrogations pour aller à l'essentiel, il ne s'attendait pas à ce que ça soit fait de cette façon. Son sourire électrisa une partie de son corps, dans un sentiment qu'il ne saurait même pas identifier. Il savait que cette proximité pourrait lui être fatale si le dieu venait à perdre son self-control mais entendu à peine cette alerte. Ses doigts glacés coururent sur ses épaules crispées, arrachant des sensations brûlantes, alors que ses dernières paroles finirent d'imbriquer des pensées tout aussi enflammées ensevelissant toutes les autres.

Qui aurait pu penser que le dieu de l'Hiver pourrait lui donner aussi chaud ? Il ne savait même pas comment réagir. Qui était il pour refuser les avances d'un dieu ? D'autant plus quand il était aussi désirable et que rien que toucher sa peau devait représenter une épreuve en soi. Il n'eut même pas l'idée de se reculer, rapprochant même sa tête de la divinité jusqu'à pouvoir ressentir clairement le vent froid que pouvait projeter son souffle.

— Je pense que la vraie question, c'est : est-ce que vous pensez que ça pourrait suffire ? sa main agrippa sa nuque, comme s'il voulait mêler ses lèvres aux siennes. J'ai mes doutes.

Il relâcha doucement sa prise, tout en gardant cette glaçante proximité, se perdant dans son regard. Il le défiait avait retrouvé son arrogance. Il aurait pu réfléchir et ne pas se laisser embarquer dans le petit jeu ridicule du dieu, mais il aimait trop jouer pour ça. Borée commençait déjà à revêtir la peau d'un défi intéressant dont il se voudrait le vainqueur. Battre en retraite aurait été un comportement lucide, mais aurait représenté une défaite. Le problème résidait dans le fait que le dieu avait il ne sait combien de millénaires en plus d'expérience. Il lui fallait espérer qu'il avait été enfermé assez longtemps pour être rouillé ou qu'il se détourne pour se concentrer sur la couronne. Ah oui, la Couronne. Il l'avait presque oubliée. Il ne se rappelait même plus la liste de questions qu'il avait prévue à ce sujet. Merde, il allait devoir improviser.

— Jusqu'où seriez vous prêt à aller pour cette couronne ? murmura-t-il tout près.

Il serait prêt à le tuer sans aucun doute mais c'était autre chose que Reed avait aussi oublier. Le pire était que le prix qu'il avait eu en tête était sûrement risible, mais il était trop tard pour le révéler.

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Jusqu'où était-il prêt à aller pour récupérer ce qui lui revenait de droit ? Pourrait-il mettre son corps en vente pour une simple couronne ? Probablement que oui. La main qui agrippa sa nuque provoqua un frisson dans tout son être mais le Dieu s'efforça de rester de marbre suite à ce geste, ne laissant transparaître que la froideur de l'hiver. « Aussi loin qu'il le faudra. » répondit-il néanmoins sur un ton joueur en approchant ses lèvres à quelques millimètres des siennes tout en fixant son regard. Au diable la froideur. Reed ne semblait clairement pas insensible à cette proximité qu'ils avaient et cela le réjouissait d'autant plus. Lui donnait envie de continuer encore sur cette lancée. Il faut dire que lui-même appréciait ce soudain rapprochement de leur deux corps mais il ne devait pas oublier ce pourquoi il était là : sa couronne. Pas pour batifoler même si ce n'est pas l'envie qui lui manquait. Pourquoi ne pouvait-il pas joindre l'utile à l'agréable ? Après tout, rien ne l'en empêchait. Il avait l'habitude de se saisir de ce qu'il voulait, de qui il voulait. C'était un Dieu et Reed un mortel alors il ferait de lui ce qu'il avait envie, comme il l'avait toujours fais sans se soucier des désirs de l'homme. Seul comptait ce que lui désirait, il en avait toujours été ainsi.

Avec d'autres, il se serait contenté de les transformer en glaçon pour ensuite les briser en mille morceaux et s'en aller avec ce qu'il venait chercher mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, il était d'humeur miséricordieuse mais surtout joueuse. Le meurtre n'était pas une option à écarter pour autant mais cette option pouvait attendre encore un peu. Qu'il s'amuse un peu avant. Borée avait toujours eu tendance à se laisser distraire facilement par ses pulsions, ses désirs et les corps bien fait. Une faiblesse qu'il n'avait nullement réussi à faire disparaître depuis le temps et qui s'était même accentuée depuis qu'il avait passé des milliers d'années sans aucun contact dans sa prison. De toute sa fratrie, c'était pourtant Zéphyr le dragueur mais il faut croire que se retrouver enfermer avec lui avait fini par lui déteindre dessus.

« Aussi loin que tu me permettras d'aller. » ajouta-t-il en passant délicatement sa langue sur les lèvres de Reed avant de reculer subitement, une mine un peu plus inquiétante apparaissant sur son visage. « Ou je pourrai t'arracher la tête tout de suite et repartir avec ma couronne. » La revoilà, la froideur légendaire de l'hiver. Ce serait tellement facile. Bien trop facile pour qu'il l'envisage.

Il fit quelques pas en arrière en riant légèrement. Comme si des menaces de mort avaient quelque chose de drôle pour celui qui les recevait. « Je ne le ferai pas, rassures-toi. Tu as récupéré ma couronne et pour ça je t'en dois une. Tu n'as rien à craindre de moi aujourd'hui. » Il insista bien sur le aujourd'hui. « Mais n'espère pas que je me prostitue pour la récupérer, si c'est ça que tu as en tête. » En tout cas lui, c'est clairement ce qu'il avait en tête depuis quelques minutes. « Il m'en faudrait un peu plus pour ça. » Non, c'est faux. Il pouvait monnayer son corps pour bien moins en réalité tant les plaisirs charnels n'étaient pas un soucis pour lui. Il n'avait même pas besoin de le monnayer d'ailleurs, pour Reed, ça pourrait être gratuit.

Il fouilla les alentours comme s'il était chez lui à la recherche d'une bouteille qu'il finit par dénicher sans faire attention aux autres possessions de l'homme. « Super ! » s'écria-t-il en enlevant le bouchon pour en boire une gorgée sans aucune gêne. « Il y a d'autre chose que tu aimerais savoir sur ma possession avant de me la rendre ? » A moins qu'il désirait aussi des informations sur lui et pas seulement sur l'objet.